20/08/2011

Chronique split w/ 95-C chez Metalorgie


Split EP w/ 95-C (2010)
14/20
Avec une telle rondelle, Mikey Randall et son 95-C auraient pu faire couler plus que de l'encre chez la presse popole pro-androgame... s'ils n'étaient pas si farouchement indépendants. Vrai, le split suinte la consanguinité épais! Ces uranistes-là ont l'air de tellement se toquer qu'ils entrelacent leurs parties au lieu de les présenter dos à dos, face A d'un côté et face B de l'autre. (Remarquez, tout est déjà sur la pochette). Leurs défunts petits copains de Chasing Paperboy leur manquaient tellement qu'ils les ont substitué par des Chamoniards qui ont pris du galon. Tous comme leurs "loulous de 95-C", Mikey Randall hissent donc le pavillon punk rock et pissent des larmes emo du haut du mat, aussi fougueux que Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes. Plus sérieusement, les Toulonnais sont bien en place dans leur French touch (accent compris, hé hé). Le "I've Been Working for Eleven Years..." d'introduction a beau chercher à brouiller gentiment les cartes avec son rock punchy et sa basse grésillante, ils sont nés et morts pour maîtriser les codes d'un emo punk hexagonal dont le savoir se perd. "Kartoffeln Douchebag Sportshoes" en ré-atteste rapidement, magistral dans son exécution et prenant dans ses émotions, n'en déplaise aux vieux blasés. Quant à 95-C, on les avait quitté irrésolus sur un Stuck in the Past chancelant ("punk rock? Emo pop?"), et c'est encore le cas ici. Mais le dénouement du programme en 3 étapes (Pop punk potache --> Punk rock mélo --> Emo punk French touch) approche. Ils le prouvent avec pétulance sur leur première 'come-back track' énergique, "Green Blood", et son riff bardé de ressenti. Les deux autre titres électriques n'affichent pas autant de conviction et laissent plus facilement percevoir les imperfections d'une prod' brouillonne et d'un groupe aux racines punk rock qui cherche encore son positionnement au milieu de ses diverses influences. Le potentiel tubesque est pourtant toujours là, en filigrane ou en tampon. Il suffira d'ailleurs de s'enquiller la reprise acoustique de leur titre "Monday Morning" par Mikey Randall pour s'en convaincre. Les Sudistes ne font que magnifier l'émotion du tube, à coups de chœurs et voix grelottantes. Un dernier hommage à leurs pairs d'une scène de pères qu'ils sont parvenus à égaler, une dernière partouze échangiste entre amis, et Mikey s'en va. "Ils sont nés et morts pour maîtriser les codes d'un emo punk hexagonal dont le savoir se perd." A peine la ligne écrite devient elle réalité. RIP.
Discographie en écoute et téléchargement à prix libre. Achat en CD / LP .
A écouter : MR - "Kartoffeln Douchebag Sportshoes" | 95-C - "Green Blood"
NO fun for a FX / Metalorgie

Chronique split w/ 95-C chez Addictif zine

Mikey Randall & 95-C
"Split-CD"
(Shot Down / Crust Caviar / Paranoïa...)

Il n'est jamais trop tard pour découvrir un disque, tout comme il n'est jamais trop tard de parler d'un bon disque. Car c'est ce qu'est ce split CD que se partagent les Français de Mikey Randall et 95-C, un bon disque de punk rock moderne, secoué par des mélodies subtiles et une motivation sans faille. D'ordinaire sur un split disque, il y a d'abord un groupe qui envoie ses titres, puis c'est au second de le faire. L'un après l'autre. Méthodiquement. Logiquement, dirons-nous. Mikey Randall et 95-C l'ont joué "original". Le premier titre du CD est signé Mikey Randall, le second 95-C, Mikey Randall revient à la charge, suivit aussitôt de 95-C, et ainsi de suite. Les deux groupes offrant chacun quatre titres. La pratique est plutôt osée. Et casse-gueule vu que les formations se ressemblent beaucoup musicalement. Il y a de gros risques pour qu'on prenne l'un pour l'autre. Ou qu'on ne sache plus qui joue quoi. Car chez ces deux poulains de la scène indie française, on décèle les mêmes influences majeures (Propagandhi et Hot Water Music arrivent en tête), l'envie identique de marier les mélodies granuleuses aux guitares tumultueuses, la même passion à raconter des histoires sous le feu nourri d'un tempo dru. Il n'y a bien que la production qui sépare les deux formations. Et encore. Cela dit, une fois qu'on s'est fait à ce tracklisting saute-mouton, qu'on a repéré les timbres de voix et la différence de production, le disque est un ravissement pour qui aime le punk rock mélodique moderne. Et à force d'écoute, on comprend mieux le projet de split disque entre les deux groupes. Qui se ressemble s'assemble, dit-on ! Le dicton est dans le vrai. Tellement dans le vrai qu'en fin d'exercice, Mikey Randall reprend "Sunday Morning" de 95-C, et ce dernier adapte "Alcohol" des premiers. Classe. Ouaip, classe !
Frank Frejnik / Addictif zine